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Commentary : Les personnes sans domicile fixe seraient près de 200 000 en France, à survivre dans la rue, à croiser nos chemins chaque jour. Mais qui sont-elles réellement ? Nous verrons que la pauvreté existe en France depuis longtemps, que des mesures sociales ont été mises en place mais qu'aucune ne semble réussir à améliorer durablement les choses. Qui n"a pas eu l'occasion de remarquer qu'un nombre peu anodin de ces personnes SDF vivent accompagnées d'un chien ? Une question s'est ainsi naturellement posée à nous et a été à l'origine de l'émergence de ce travail : qu'est-ce que le chien apporte à l'homme dans le contexte si particulier qu'est celui de la rue ? Nous connaissons bien le chien, Canis familiaris, premier animal domestiqué par l'homme sur une longue période il y a environ 14 000 ans. Animal toujours resté à ses côtés depuis, remplissant de nombreux rôles, et que nous savons désormais être bien plus qu'un simple animal de compagnie. Le chien est en effet un excellent « thérapeute », les abondants travaux décrits prouvent les bénéfices tirés de la relation homme-chien dans divers contextes (enfance, exclusion liée à l'âge, handicaps, maladies, solitude...) L'étude de sources bibliographiques sur la relation qui existe entre la personne sans domicile et son chien contribue à répondre à nos interrogations, et nous permet ainsi d'établir un état des lieux sur les différentes facettes de cette relation. Nous constatons que, comme dans d'autres contextes, le chien apporte beaucoup à l'homme sans domicile. Si les divers bienfaits - tant physiques que sociaux et psychologiques - ne font plus aucun doute, le chien se révèle être parallèlement source de difficultés. Outre d'être parfois un poids en plus dans la balance qui tend à rejeter le SDF, le chien s'avère être un obstacle capital venant compliquer les démarches permettant une réinsertion, et notamment un accès au logement, pour les sans domicile. L'avenir d'une prise en charge sociale active des personnes SDF propriétaires d'un chien réside dans la prise en considération de ce dernier, dans un accompagnement du binôme de la rue dans son entièreté, et cet avenir ne peut se concevoir sans une collaboration entre professionnels du social et de l'animal.

Commentary : "Les personnes sans domicile fixe seraient près de 200 000 en France, à survivre dans la rue, à croiser nos chemins chaque jour. Qui n'a pas eu l'occasion de remarquer qu'un nombre peu anodin de ces personnes SDF vivaient accompagnées d'un chien ? Une double question s'est ainsi naturellement posée à nous et a été à l'origine de l'émergence de ce travail : quel est l'état de santé de ces chiens et quelles sont leurs caractéristiques comportementales ? L'étude de sources bibliographiques sur la relation qui existe entre les personnes sans domicile et leurs chiens, et les rencontres avec des professionnels, nous ont permis de mieux les comprendre et de réaliser un travail de terrain adapté à ce public particulier. Plusieurs structures d'accueil, pourtant assez rares, nous ont accueillis dans les villes de Paris, Nantes et Reims où se sont donc déroulées nos investigations. Les entretiens avec les propriétaires se déroulent en deux parties : tout d'abord une série de questions leur est soumise, afin de connaître leurs habitudes en matière de santé et d'éducation. Puis, à partir de tests préconçus, un examen clinique et un bilan comportemental sont établis. Trente-trois personnes ont participé à l'étude, pour un total de trente huit chiens. Elles sont de profils variés, mais ont pour la majorité une forte expérience du milieu canin dans la rue. Les chiens, quant à eux, sont jeunes, mâles non castrés et ont été adoptés à peine sevrés. Leur emploi du temps est calé sur celui du propriétaire, et passe par tous les modèles possibles. Le bilan de santé de ces chiens est plutôt positif, puisqu'aucune anomalie importante n'a été constatée. Le suivi vétérinaire est souvent sérieux, et le seul problème récurrent est le parasitisme. Le bilan comportemental est également satisfaisant puisque, malgré des méthodes peu rigoureuses, et grâce à une relation de qualité, les propriétaires et leurs chiens se comprennent mutuellement et parviennent à vivre en harmonie, tout en bafouant les lois en vigueur... Un meilleur accompagnement des personnes dans leur rôle de propriétaires, notamment au sein des structures d'accueil, permettraient cependant d'obtenir des résultats encore meilleurs et d'éviter certaines situations catastrophiques, peu fréquentes mais bien réelles."